Notre société semble mettre de côté la spiritualité, mais il est impossible à l'être humain de pas rendre "un culte". Lorsqu'on se détourne du vrai Dieu, on ne peut pas s'empêcher de le substituer par quelque chose. Cette réflexion se penche sur la question des idoles en vue de découvrir le vrai Dieu.
Paul écrit dans la lettre aux Thessaloniciens : « On raconte, à notre sujet, quel
accueil nous avons trouvé chez vous et comment vous vous êtes tournés vers
Dieu, en vous détournant des idoles, pour servir, comme des esclaves, un Dieu
vivant et vrai »
1 Th 1.9 (NBS)
(Re)tournement
Ce verset décrit en
peu de mots la profonde conversion des Thessaloniciens. Ils se sont tournés (epistrepho)
vers Dieu. Ce verbe rappelle l’exhortation de Paul aux habitants superstitieux
de Lystre « afin qu’ils se tournent (epistrepho) de ces vanités
vers le Dieu vivant » (Ac 14.15). C’est aussi le même mot utilisé par
Jésus à Paul : « Je t’envoie… pour leur ouvrir les yeux, afin
qu'ils se tournent des ténèbres vers la lumière et de l'autorité de
Satan vers Dieu » (Ac 20.18). Ce
verbe exprime avec force la repentance qui arrache l’être humain d’au moins
trois réalités qui s’entremêlent souvent : les idoles, les ténèbres et
Satan.
La source de l’idolâtrie
Paul explique aux Romains que la colère de Dieu se dévoile
du ciel contre l’impiété et l’injustice des hommes qui étouffent la vérité. Ils
ont une forme de connaissance de Dieu en eux, notamment par le témoignage de sa
création dans laquelle ils perçoivent sa puissance éternelle et sa
divinité (1.18-19). Ils deviennent
inexcusables (1.20). Par leur refus de glorifier Dieu et de lui exprimer la
reconnaissance, ils se sont égarés de leur véritable destinée.
Alors, trois processus se déroulent avant que la colère de
Dieu ne se manifeste plus concrètement : 1) Ils sont d’abord frappés de vanité,
« futilisés » dans leurs raisonnements[1]
; 2) Leur cœur, siège de la volonté, des
sentiments et de la réflexion, « devient la proie des ténèbres »
(1.21 TOB) ; 3) Se vantant d’être sages, ils deviennent
« fous ». Godet écrit : « La ‘futilisation’ des pensées
a même pris le caractère de la folie. Qu’est-ce, en effet, que le polythéisme,
sinon une sorte d’hallucination permanente, de délire collectif ? »[2].
Si le commencement de la sagesse, c’est la crainte respectueuse de Dieu nous pressant
à le glorifier, le commencement de la folie, c’est son rejet. Les peuples l’ont
exprimé soit par des formes d’irrationalisme comme le polythéisme ou
l’occultisme, soit par des formes de rationalisme qui nie tout autant le
vrai Dieu : « L’insensé dit en son cœur : Il n’y a pas de
Dieu » (Ps 14.1). Dans cet égarement ils travestissent la gloire du
Dieu impérissable en images ou idoles représentant l’homme ou la femme, voire
même toute sorte d’animaux (1.23). Ils ont travesti aussi la vérité de Dieu en
mensonges, et adoré la créature au lieu du créateur (1.25).
Cet engrenage ténébreux est notre propre histoire. L’être
humain est désespérément « religieux ». Il a été créé pour rendre gloire
à Dieu, mais dans son refus du vrai Dieu, il comble ce vide par toutes sortes « d’idoles ».
Les Thessaloniciens, comme tous ceux qui sont passés par une
authentique conversion, ont abandonné leurs idoles pour se tourner vers le Dieu
vivant et vrai, après avoir entendu l’Évangile.
Le vrai Dieu
La Bible fait une opposition radicale entre les idoles et le
vrai Dieu : « Voici, vous n’êtes rien (dit le Seigneur aux faux dieux
par Esaïe), et votre œuvre est le néant ; c’est une abomination que de se
complaire en vous » (41.24). Paul écrit : « Que dis-je
donc ?... qu’une idole est quelque chose? Nullement.» (1 Co 10.19). En revanche, Dieu est le seul qui
soit véritablement : « Je suis celui qui est » (Ex
3.14). La vie n’est qu’en lui, il est Le vivant, et en même temps le seul
véritable, la vérité ultime, le vrai Dieu.
La lutte se poursuit
Si les Thessaloniciens ont marqué un demi-tour radical,
c’est pour « servir comme des esclaves » (douleuo) le
Dieu vivant. Ce verbe implique une vie pleinement au service de Dieu, pour lui
appartenir sans réserve. Tout ce qui détourne de cette pleine appartenance est
une forme de régression vers des dérives idolâtres. Jésus nous a donné
l’exemple de sa détermination en tant que fils de l’homme à vivre pour son Père.
Il répond à la troisième tentation du diable : « Retire-toi,
Satan! car il est écrit : Tu adoreras le Seigneur, ton Dieu, et tu le serviras
lui seul » (Mt 4.10).
Idole et le « moi »
Le chrétien poursuit sa lutte chaque jour contre l’attrait
du « néant ». Paul exhorte les Colossiens à faire mourir ce qui est terrestre
en eux : « l'inconduite sexuelle, l'impureté, les passions, les
mauvais désirs et l'avidité, qui est une idolâtrie » (3.5). L’avidité
(pleonexia) est une insatisfaction profonde qui nous presse ou bien à
nous agripper de façon malsaine à ce que nous avons, ou alors à convoiter ce
que nous n’avons pas encore[3].
Les spécialistes de la publicité savent parfaitement utiliser ce ressort pour
faire vendre. Paul qualifie cette attitude d’idolâtre, c’est une sorte
de culte rendu à l’objet désiré, ou à soi-même. Jésus dit : « Nul
ne peut servir deux maîtres. Car, ou il haïra l’un, et aimera l’autre… Vous ne
pouvez servir Dieu et Mamon » (Mt 6.24). « Mamonas »
serait les possessions qui nous possèdent, les biens vus sous l’angle
matérialiste, pêcheur et anti-Dieu[4].
Dans six passages, Jésus nous appelle à choisir entre aimer notre vie de
manière égoïste ou l’avoir, lui, comme notre maître »[5].
Paul écrit à des chrétiens de nom, ennemis de la croix : « Ils ont pour
dieu leur ventre, ils mettent leur gloire dans ce qui fait leur honte, ils ne
pensent qu’aux choses de la terre » (Ph 3.19).
Fuyez l’idolâtrie
Le néant des idoles nous affecte profondément si nous leur
rendons un culte. En rappelant les dérives du peuple de Dieu dans le désert,
Paul écrit : « Ne devenez point idolâtres, comme quelques-uns d’eux…
Fuyez l’idolâtrie » (1 Co 10.7, 14). Puis il aborde, sans le dire
explicitement, les repas cultuels avec sacrifices et débauche dans les temples
païens : « Ce qu’on sacrifie, on le sacrifie à des démons, et non
à Dieu, or, je ne veux pas que vous soyez en communion avec les démons » (1
Co 10.20).
Tout culte rendu à quelqu’un d’autre que Dieu nous immerge
dans une obscurité spirituelle où les esprits impurs ont accès. En perdant
notre communion avec Dieu, nous retournons dans la sphère du monde, de la
chair, des démons, animés par cette sagesse terrestre charnelle et diabolique
(Jc 3.15).
La vraie adoration
« Tu n’auras pas d’autre Dieu que moi »
affirme le premier commandement. Nous avons failli totalement, nous étions même
ennemis de Dieu, mais dans sa miséricorde, il veut nous restaurer. La promesse
du prophète s’est accomplie en Jésus-Christ : « Je répandrai sur
vous une eau pure, et vous serez purifiés ; je vous purifierai de toutes vos
souillures et de toutes vos idoles. Je vous donnerai un cœur nouveau… je
mettrai mon esprit en vous, et je ferai en sorte que vous suiviez mes
ordonnances, et que vous observiez et pratiquiez mes lois »
(36.25-27).
Purifié grâce au sacrifice de Jésus, il nous est possible de
nous détourner des idoles, et nous tourner vers le Seigneur, conscient que le
combat se poursuit chaque jour, mais équipé par sa grâce pour servir le Dieu
vivant et vrai, en l’attendant !
Questions de groupe
- 1. Lire l’article, puis reprendre 1 Th 1.9. Quelles sont, à votre avis, les idoles que ces chrétiens ont abandonnées ?
- 2. Comment comprenez-vous la conversion dans Ac 20.18 ?
- 3. Lire Col 3.1-5. Que faut-il comprendre de ce texte avant de faire mourir certaines choses dans nos vies ?
- 4. Pourquoi l’avidité ou la cupidité était-elle appelée une idolâtrie en Col 3.5 ?
- 5. Quelles idoles seraient les plus redoutables pour nous aujourd’hui ? Comment mener le bon combat contre elle ?
[1] Frédéric
GODET, Épître aux Romains, 1883, Édition numérique Soleil d’Orient 2009,
p. 217. Il ajoute : « N’ayant pas posé Dieu comme l’objet suprême de
son activité, l’intelligence a été réduite à travailler dans le vide; elle
s’est en quelque sorte futilisée ». Voir aussi Thomas SCHREINER, Romans, Baker Exegetical Commentary
on the New Testament, 1998, sur Rm 1.21-25.
[3] Jésus
insiste particulièrement sur ce danger : « Gardez-vous avec soin
de toute avidité » Lc 12.15. Voir par exemple Ceslas SPICQ, Lexique
théologique du NT, Cerf 1991, p. 1250 ; Delling,
« pleonexia », TDNT.
[4] « À
cause du pouvoir démoniaque immanent dans ces possessions, s’y livrer conduit à
un esclavage », Hauck, « Mamonas », TDNT.
Mamon qui est une personnification de l’argent renvoie
aussi à une préoccupation malsaine de soi-même et fait un lien avec l’avidité
en Col 3.
[5] Mt
10:39 ; 16:25 ; Mc 8:35 ; Lu 9:23 ; 17:33 ; Jn 12:25.