Ce fut un scoop pour beaucoup, le 17 mai 2015, lorsque l’une
des principales dénominations du protestantisme français (EPUdF) a donné le feu
vert à une « bénédiction » des mariages homosexuels.
Confusion
Depuis, une certaine confusion règne dans les médias.
D’abord, par le titre même de cette dénomination. « Église Protestante
Unie de France » pourrait donner l’impression qu’elle regroupe
l’ensemble du protestantisme. En regardant de plus près, il s’agit de la fusion
en 2013 des « ex » Églises Réformées et Luthériennes. Cette union
revendique environ 110.000 membres actifs. Pour donner un ordre d’idée, le CNEF
regroupant une grande partie du courant évangélique du protestantisme français,
revendique 400.000 membres actifs.
Deuxième confusion, les médias ont souvent simplifié la
déclaration détaillée
pour ne retenir que la « bénédiction des couples homosexuels ». Le
point 4.2.1 de cette déclaration nuance quelque peu les propos en soulignant
que cette « bénédiction » ne fera pas l’unanimité dans les Églises.
« C’est le témoignage des Écritures qui font de l’amour fidèle d’un
couple homme‐femme une parabole de la fidélité de Dieu pour son
peuple. Mais, nous n’en tirons pas tous les mêmes conséquences : pour
certains, seuls de tels couples peuvent être bénis liturgiquement, tandis que
pour d’autres, la bénédiction de Dieu ne saurait être liée à l’orientation
sexuelle ».
Décision préparée de longue date
Il n’y a rien de bien nouveau dans ces affirmations. Par exemple, en 2004, bien avant le mariage
pour tous, la Communion Protestante Luthéro-Réformée (CPLR) avait
exprimé sa grande ouverture dans l’accueil des homosexuels dans une déclaration, tout en
affirmant qu’il n’était pas, à ce moment-là, opportun d'envisager un culte de bénédiction
qui entretiendrait la confusion entre couple homosexuel et hétérosexuel.
Avons-nous la même Bible ?
Plusieurs personnes se demandent pourquoi le protestantisme
peut aboutir à des conclusions si différentes, entre par exemple l’EPUdF et le
CNEF, alors qu’il n’y a une seule Bible. La réponse est assez simple, la Bible
n’est pas lue de la même façon, selon les « présupposés » des
différentes Églises protestantes.
Une phrase est révélatrice dans la déclaration de mai
2015 : « Sans figer les Écritures dans la lettre
d’une loi immuable, elle (l’EPUdF)
entend être fidèle à l’Évangile de Jésus‐Christ et à son exigence,
fondement de sa foi et de son espérance »
(1.4). Par crainte de « figer les Écritures », une partie du
protestantisme se distancie dangereusement du contenu de la Bible. D’ailleurs,
que pouvons-nous connaître de « l’Evangile de Jésus-Christ et de son
exigence », si nous ne prenons pas au sérieux ces textes bibliques.
En creusant davantage, on découvre un raisonnement proche de
celui des Sadducéens, à l’époque de Jésus, qui ne croyaient ni aux anges, ni à
la résurrection (Mc 12.18-27). Leur « raison » et leur
« sagesse » étaient placées subtilement au-dessus de la révélation
biblique. Pas étonnant que Jésus leur réponde : « N’êtes-vous pas
dans l’erreur, parce que vous ne comprenez ni les Écritures, ni la puissance de
Dieu ? ».
Un certain nombre de protestants de renom ont pris du recul
face aux affirmations bibliques et leur application dans les débats
(bio)éthiques. Denis Müller dans l’Encyclopédie du Protestantisme
(article bioéthique) affirme : « Il est toujours sage de commencer
avec des principes scripturaires les plus larges possibles, qui sont énoncés
tout au long de la Bible. Il n’est pourtant que trop manifeste que le
développement de la bioéthique théologique a coïncidé avec des remises en
question des écrits bibliques, de leur autorité et de leur interprétation.
L’idée d’une unité de la Bible a été sérieusement contestée… ».
Les approches « pseudo-scientifiques » comme la
lecture « historico-critique » ont cherché à contester la dimension
divine de l’inspiration biblique, et donc l’unité de ce texte. De ces
raisonnements, il est facile de réinterpréter la Bible pour la conformer à
l’air du temps.
Pour une autre partie du protestantisme, en évitant de
glisser dans un littéralisme naïf, la Bible fait autorité. Jésus dit
lui-même : « Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne
passeront pas » (Marc 13.31). Le Christ affirme la cohérence absolue
des Écritures (pour l’Ancien Testament) et sa pleine inspiration (Mat 5.18),
même s’il en donne une compréhension renouvelée à la lumière de ses paroles et
de son œuvre.
Pour
faire simple, le protestantisme appelé « évangélique » maintient haut
et fort son attachement à la Bible en tant que révélation divine donnée à
l'humanité. Ce statut de l'Écriture a été abandonné par une partie
significative du protestantisme.
Faire le bon choix
Comme autrefois, Jésus ne force personne à le suivre, mais
comme il l’affirme dans ses paroles d’envoi à ses apôtres : « Tout
pouvoir m’a été donné dans le ciel et sur la terre. Allez, faites de toutes les
nations des disciples… enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai
prescrit » (Mat 28.19-20). On peut difficilement se réclamer du
Christ, sans chercher à observer tout ce qu’il nous a prescrit. Si
l’enseignement de Jésus nous encourage à l’accueil à la compassion de notre
prochain, il n’abolit en rien les repères moraux de la Loi mosaïque, notamment
sur le sens du mariage exclusivement entre un homme et une femme (Mat
5.17 ; 19.5). Son enseignement se prolonge dans le reste du Nouveau
Testament notamment en Rm 1.26-28, 1 Co 6.9, 1 Ti 1.9, où l’homosexualité, avec
d’autres dérives, est condamnée sans ambiguïté.
En attendant que soit publiés les actes de l’Assemblée Générale
de 2014 abordant plus en détail la question de l’homosexualité, nous renvoyons
au pertinent communiqué
du CNEF suite à la déclaration de l’EPUdF.
Reynald Kozycki
Président du Réseau FEF
Texte relu et approuvé par l’ensemble du comité national
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